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L’ascension du Chachani, 6075m d’altitude

mai 29, 2022

Réputé comme le 6000 le plus facile du monde, l’ascension du Chachani n’est pas technique. Elle s’apparente à de la marche en haute altitude. Pas besoin de piolet ou de compétences d’alpinisme, la difficulté principale est l’altitude… 

Tout commence dans un bus, sur Instagram quand je vois la vidéo d’un couple qui raconte leur ascencion d’un sommet à plus de 6000m. Ma curiosiré est piquée à vif et je cherche donc Chachani sur Google. Le volcan se trouve à Arequipa… Ca tombe bien, c’est là que notre bus va. 

Infos pratiques pour l’ascension du Chachani

Le Chachani se trouve près d’Arequipa, dans le sud du Pérou. C’est un volcan inactif qui culmine à 6 075 mètres d’altitude, et il est connu pour être l’un des sommets de cette hauteur les plus accessibles. L’ascension n’est pas technique, mais il faut être bien préparé à gérer l’altitude, et c’est pas simple ! 

Si tu veux tenter l’expérience, tu as deux agences principales à Arequipa : Waiky Adventure et Quechua Explorer. J’ai choisi Waiky pour mon trek, et voici ce que ça comprend :

  • Prix : environ 300 soles par personne (75 euros)
  • Inclus : tentes, matelas, sac de couchage, transport, guides, dîner et petit-déjeuner
  • Équipement fourni : pantalon, veste et gants adaptés. Les chaussures (7,5 euros) et les bâtons (2,5 euros) sont en option.

Le départ se fait depuis Arequipa, avec environ 2h30 de route pour rejoindre le point de départ de l’ascension. 

Le trek se déroule sur deux jours, avec une nuit en camp de base avant l’attaque du sommet le lendemain matin. C’est une belle aventure à vivre si tu veux te lancer dans un sommet de plus de 6 000 mètres !

L’ascension du Chachani peut se faire toute l’année mais pour éviter des conditions météorologiques compliquées, il est préférable de grimper entre avril et septembre.

photo du chachani au pérou

Jour 1 : camp de base et nuit en altitude

Accompagnés de nos copains rencontrés à Ica – Loïc, Riley et Romane – nous retrouvons un groupe de cinq Français et un Suisse pour débuter l’aventure. Après un check-up rapide de l’équipement, on charge les 4×4 et on s’élance sur les pistes rocailleuses. Le Chachani se rapproche à vue d’œil, et l’altitude commence à se faire sentir. On atteint finalement le point de départ à 4 900 mètres, accueillis par du vent glacial et une fine couche de neige.

Équipés de nos sacs bien remplis, on marche environ deux heures pour rejoindre le camp de base. Le chemin n’est pas compliqué, mais le froid et l’effort à cette altitude rendent la progression plus lente. Une fois sur place, on monte les tentes, en essayant de ne pas trop traîner pour éviter de se refroidir encore plus. Petit imprévu : l’un de nos matelas est crevé. Pas le choix, on se regroupe à cinq dans une tente pour trois – autant dire qu’il faudra se serrer.

Et là, gros rappel : à cette altitude, manger léger, c’est crucial. Pourtant, malgré tous mes efforts pour éviter ça, je finis par être malade dans la nuit… un moment franchement pas agréable quand tu es déjà gelé et que tu n’as qu’une tente pour te protéger du vent. Si tu prépares cette ascension, retiens bien qu’un repas simple et pas trop copieux est essentiel pour éviter des désagréments à cause de l’altitude.

Difficile de dormir quand on te demande d’aller se coucher à 18 heures pour un réveil prévu à 00h30. Certains réussissent à s’assoupir un peu, mais pour nous presque impossible de trouver le sommeil. 

Malgré tout, on tient bon. Demain, c’est le grand jour : atteindre ce sommet à plus de 6 000 mètres. On est fatigués, un peu malmenés, mais la motivation est intacte. C’est ça aussi, le défi du Chachani.

Astuces pour éviter le mal des montagnes

Le mal d’altitude est imprévisible : même avec une bonne préparation, si ton corps ne supporte pas l’altitude, tu ne pourras pas continuer l’ascension. Mais pour mettre toutes les chances de ton côté et limiter les effets du mal des montagnes pendant le trek du Chachani, voici quelques astuces :

  • Boire beaucoup d’eau : Reste bien hydraté, c’est essentiel pour ton corps à cette altitude. Pense à boire régulièrement, même si tu n’as pas soif.
  • Manger léger : Pas de plats lourds ou difficiles à digérer le soir. Ton corps a besoin de se concentrer sur l’acclimatation, pas sur une digestion compliquée.
  • Mâcher des feuilles de coca : Typique des Andes, les feuilles de coca aident à lutter contre les effets de l’altitude. C’est naturel et ça se mâche tout au long de la montée.
  • Prendre un doliprane avant de dormir : Si tu sens venir un mal de tête, n’hésite pas. Ça peut t’aider à passer une meilleure nuit.
  • Prévoir une bouteille de soda type Coca : Oui, ça paraît bizarre, mais ça peut vraiment calmer les nausées en altitude. Une petite bouteille dans ton sac, et tu seras content de l’avoir.
  • Prendre un demi Diamox toutes les 6 heures : Si tu veux une solution un peu plus médicale, le Diamox peut aider à prévenir le mal des montagnes. Il faut commencer la veille de l’ascension pour que ce soit efficace.

L’ascension jusqu’au sommet

Le réveil sonne à 00h30 du matin, le camp est recouvert d’une épaisse couche de neige. Après un thé à la feuille de coca et une biscotte, on attaque l’ascension sous la lueur de la lune et nos frontales. Il fait glacial, nos pas sont lourds et chaque mouvement demande un effort. À cette altitude, c’est tout à fait normal. Les premières heures se passent relativement bien pour nous, mais deux personnes du groupe doivent redescendre à cause du mal des montagnes.

On fait de courtes pauses tous les 100 mètres de dénivelé pour reprendre notre souffle et grignoter un snack. À 5600 mètres, la respiration devient plus difficile. On manque d’air, et même si on s’y attendait, il est compliqué de garder son calme quand on se sent à bout de souffle. Le guide nous informe qu’il nous reste encore 6 heures de marche. À partir de là, tout devient plus flou. Le groupe se divise en deux : devant, ceux qui semblent avoir encore de l’énergie, certains courent même, et derrière, nous deux, avec un Suisse qui galère aussi. On essaie de se motiver, mais on traverse une tempête de grêle qui ne fait qu’aggraver la fatigue et nous gèle jusqu’aux os.

Puis, un cri du guide nous réveille : « Nous sommes à 6000m ! ». On s’effondre, pensant que le sommet est tout proche. Mais en réalité, il reste encore 1h30 de marche, et là, tout paraît interminable. Gauthier n’avance presque plus, et moi, je commence à perdre espoir. Je me dis que je ne vais pas réussir, que je suis à bout. Je commence à pleurer, mais avec si peu d’oxygène, les sanglots me suffoquent. On s’encourage mutuellement, on repart, malgré la douleur et la fatigue.

Nos esprits vagabondent, pensant à tout et à rien : nos familles, nos mamans, la sœur de Gauthier qui fête son anniversaire, nos amis que l’on voudrait voir à ce moment précis… Mais on avance. Lentement. Très lentement. Le sommet semble encore si lointain, et pourtant, on y est presque.

sommet chachani perou

Le sommet !

On est à quelques mètres du sommet. Un dernier passage vertigineux et très exposé nous attend. Avec la fatigue, le manque d’air, j’ai du mal à me concentrer et la peur de tomber me serre le ventre. Le guide me tend la main pour traverser ces derniers mètres en sécurité. Et là, je la vois… la croix du sommet. Après 7 heures d’efforts, de doutes, et de douleur, on y est enfin.

On s’effondre dans les bras l’un de l’autre, les larmes coulent. On est épuisés, mais tellement fiers de nous. Et là, tout d’un coup, le soleil commence à se lever, illuminant le paysage autour de nous. Une vue à couper le souffle s’offre à nous : le majestueux Misti, et juste à côté, le Sabancaya, qui entre en éruption. Ce moment, cette récompense après tant d’efforts, reste gravé dans nos mémoires.

photo de groupe sommet chachani au pérou

Redescente et retour à Arequipa

Après quelques photos pour immortaliser l’instant, nous entamons la redescente, toujours les larmes aux yeux. C’est sûrement l’un des moments les plus difficiles. Toute notre énergie, notre préparation, notre motivation étaient concentrées sur l’ascension, et on avait complètement oublié qu’il fallait redescendre.

Pour la partie enneigée, on enfile des crampons, une grande première pour nous. Une fois sur le sable volcanique, les autres se lancent et rejoignent le camp en moins de deux heures. Nous, on est épuisés, et à chaque pause, on a du mal à rester éveillés. On avance si lentement que même le guide ne nous attend plus. Au bout de trois heures, on arrive enfin au camp, où on s’effondre pour une sieste express de 20 minutes.

C'est enfin fini !

Après 12 heures de marche, on n’a plus vraiment la force de parler. Tout le monde est à bout. Seul le chauffeur brise le silence, hurlant dans son téléphone tout au long du trajet. On se laisse bercer par le bruit du moteur, fatigués mais soulagés que cette aventure soit terminée.

On arrive enfin au Flying Dog Hostel, notre base à Arequipa. Le confort d’un burger bien mérité, d’une douche chaude, et des anecdotes échangées avec nos amis restés à l’hostel, voilà ce qu’il nous fallait. Et puis, au lit, pour une nuit de plus de 12 heures de sommeil réparateur. Un repos bien mérité après cette aventure inoubliable.

Le Bilan

L’ascension du Chachani a été l’épreuve la plus difficile, tant physiquement que mentalement, que nous ayons jamais vécue. Mais c’est aussi le plus beau défi que nous ayons relevé. Avant de partir, nous envisagions de gravir un sommet à 5800m en Équateur, mais le destin en a décidé autrement, et c’est finalement au Pérou que nous avons réalisé ce rêve. Nous sommes incroyablement fiers d’avoir atteint le sommet.

Même si l’ascension d’un sommet à 6000m n’est pas à la portée de tout le monde, le Chachani reste un défi accessible à ceux qui veulent tester leurs limites, sans expérience en alpinisme et à un prix raisonnable. Si tu cherches une aventure qui te pousse dans tes retranchements, c’est un sommet que nous recommandons vivement !

Pour l’instant, on n’est pas prêts à recommencer cette expérience, mais qui sait ce que l’avenir nous réserve… Le voyage est loin d’être terminé, et peut-être que de nouveaux sommets viendront se glisser dans notre chemin !

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