Traverser la Patagonie en stop
En Mars 2022, nous débarquons dans la ville la plus au Sud du monde : Ushuaia, en Argentine. Nous y rencontrons deux voyageurs qui prévoient de traverser la Patagonie en stop en remontant la mythique Ruta 40. Le défi est lancé : nous partons a l’assaut d’une des routes les plus longues du monde. Un chemin de 2700 km nous attend et c’est la première fois que nous faisons du stop : l’aventure commence !
Voici nos conseils et notre retour d’expérience.
Notre itinéraire
Nous commençons à Ushuaia en nous entraînant sur des petites distances entre Ushuaia et les différents départs de randonnées (Laguna Esmeralda,Laguna Turquesa, Playa Larga). L’avantage, c’est qu’il n’y a qu’une seule route qui entre et sort de la ville. Le plus dur et de trouver quelqu’un qui t’emmène à la sortie. Une fois au panneau d’entrée – là où démarrera la grande aventure, c’est plutôt facile de trouver une voiture. Sur ces courtes distances, nous constatons que les Argentins ne semblent pas surpris de nous voir lever le pouce et emmènent volontiers. (Si tu cherches quoi faire à Ushuaia clique ICI)
Après cette mise en jambes : nous décidons avec nos amis voyageurs des prochaines étapes, qui correspondent aux principaux endroits touristiques de Patagonie. Les étapes seront donc : El Calafate, El Chalten, El Bolson et San Carlos de Bariloche. Une distance totale de 2700km à parcourir en moins de 25 jours pour arriver à Mendoza avant l’anniversaire de Gauthier.
Avant chaque départ, nous repérons les villes étape où nous pouvons nous arrêter pour dormir entre les destinations. Nous notons aussi le nom des villages où il y a des bifurcations. Ces noms nous permettent de faire des pancartes sans mettre directement la destination finale qui se situe parfois à plusieurs milliers de kilomètres.
L’avantage et l’inconvénient, c’est qu’il y a peu de villes en Patagonie donc elles sont faciles à repérer. Voilà la carte pratique pour t’aider dans ton périple avec nos petits commentaires sur chaque étape.
Au total, nous avons attendu 13 heures sur 12 étapes. Une belle performance.
Pourquoi traverser la Patagonie en stop ?
- Pour le défi ! C’est une des routes les plus longue du monde et elle passe par des paysages époustouflants.
- Pour rencontrer des Argentins et en apprendre plus sur la vie et la culture du pays. Nous avons eu des heures de discussion sur l’économie, la politique, les clichés entre les régions ! Des gens de tout horizon que nous n’aurions jamais croisés ailleurs.
- Car c’est le pays d’Amérique du Sud où c’est le plus facile. Le niveau de vie des Argentins est assez élevé contrairement au pays comme le Pérou ou la Bolivie On ne connaît pas le Chili, mais il paraît que c’est aussi faisable.
- Pour réduire le coût de son voyage : les transports en Patagonie coûtent TRÈS CHER. L’axe El Chalten-Bariloche coûte près de 90€
Combien de temps prévoir ?
Pour un trajet similaire, il faut compter 3 semaines à 1 mois. Cette durée inclue le temps passé sur les différentes étapes pour découvrir la Patagonie. (Retrouve notre itinéraire ici). Un conseil, prend le temps sur place.
Le stop ne nous a pas beaucoup rallongé l’itinéraire puisque nous avons passé seulement 2 nuits « d’étape » sur la route. À deux reprises nous avons même été plus rapide que le bus ehe !
Conseils pour faire du stop en Argentine
- Être seul ou deux maximum. À 3, les camions et les vans ne peuvent plus vous prendre, car il n’y a pas assez de place (sur 11 véhicule 9 étaient des camions ou des vans). Pour les voitures, est ce que tu prendrais un groupe de 3 inconnus dans ta voiture pour minimum 6 heures de trajet ? Niveau sécurité je ne pense pas, pareil en Argentine.
- Avoir une fille dans le duo, ça aide car ça inspire confiance. Pour les garçons, on vous recommande mieux de le faire seul plutôt qu’à 2 hommes. (vous représentez automatiquement plus de force à deux)
- Bien présenter. Le stop marche au faciès, le conducteur a quelques secondes pour décider de s’il te fait confiance alors il faut tout donner. Avoir l’air propre : pas de tenues de randonnées, pas de chaussures sales, pas l’air de ne pas s’être douché depuis plusieurs jours.
- Éviter le style rasta (dreads, barbes, sarouels et co), pour ceux qu’on a rencontré ça ne marche pas. La principale crainte des chauffeurs est que la personne transporte de la drogue comme ils sont responsables de tout ce qui se trouve dans leur véhicule et qu’il y a de nombreux contrôles sur cette route. Ils connaissent tous quelqu’un qui s’est fait piéger par une belle auto-stoppeuse qui était en fait une mule.
- Faite une pancarte ! Indispensable pour attirer l’œil du conducteur, éviter d’arrêter une voiture qui ne va pas au bon endroit et montrer clairement votre destination dès le début. Pense à écrire au recto 1 ou 2 villes étape et au verso la destination finale de ta journée. Tu trouveras des cartons et marqueurs dans les boulangeries et dans les supermarchés.
- Toujours se faire déposer avant ou après une ville. À la sortie (sur la bonne route) ou à l’entrée. Les trajets à l’intérieur des villes sont ceux qui nous ont pris le plus de temps. 3 heures pour faire 5 km et sortir de El Calafate, car chacun prend une direction différente.
- Être patient. On a vu beaucoup de gens se décourager en moins de deux heures. Il y a très peu de voitures en Patagonie, parfois moins de deux par heure… Certaines étapes ont été longues, mais on a toujours fini par trouver, il faut s’armer de patience et garder son plus beau sourire malgré les refus.
Traverser la Patagonie en Stop : Notre Expérience
Un des plus beaux challenges de notre voyage !
Nous aimions déjà l’Argentine et les Argentins avant de traverser la Patagonie en stop, mais nous avons pu rencontrer des gens que nous n’aurions jamais croisé. Nous avons passé de longues heures à discuter du pays, de la culture et souvent de la situation économique et politique qui préoccupe tant les Argentins.
Nous avons passé jusqu’à 36 heures avec le même conducteur, nous avons bu des litres de maté, lutté pour ne pas nous endormir, on a traversé des plaines immenses et désertiques, pris un ferry, transpiré à la frontière chilienne, failli écraser une bonne dizaine de Guanacos… On retiendra quand même deux anecdotes plus que les autres :
Le soir où on est arrivés à 22:03 à la frontière chilienne, dans un no-man’s land avec un vent à emporter un hippopo, et que les barrières étaient fermées. On a dormi à l’arrière du camion, dans une odeur de choix et de carottes, on était bien contents d’avoir nos sacs de couchages -10 degrés et nos matelas ! La deuxième, c’est notre rencontre avec Hilda, qui s’arrête sur le bord de la route, nous fait un câlin et nous dit « aller les jeunes, direction El Chalten » et avec qui on passera finalement plusieurs soirées, dont celle du plus beau coucher de soleil de notre vie. À notre départ, elle nous a avancées de 80 km pour qu’on soit les premiers à faire du stop ! Depuis, on nous écrit parfois sur Instagram pour nous dire « Une Hilda m’a pris en stop et elle ne parle que de vous ! » .
J’écris cet article près d’un an après avoir vécu cette expérience et ces merveilleux moments m’ont fait oublier les heures d’attente parfois longues au bord de la route et les refus frustrants des gens seuls dans leur voiture. Une chose est sûre, si c’était à refaire, je foncerai à nouveau !
Si tu es déterminé et en quête d’aventure nous te recommandons de te lancer et de traverser la Patagonie en stop ! Tu ne le regretteras pas.
Petite dédicace à Mario, à l’ostéopathe végan, au petit couple de Porteños, à Alejandro numéro 1 pour les 24 heures de trajet, aux hollandais qui nous ont sauvé la mise après 5 heures de désespoir, à l’avocat et son 4×4 tout confort, au papi passionné de mouton mérinos, à Alejandro numéro 2 pour les 36 heures de route, à Hilda et Silvio qui ont fait bien plus que nous emmener à El Chalten, au policier, à Alejandro numéro 3 qui nous a emmené avec 2 autres copains auto-stoppeur, à Emma qui nous a évite de dormir dans les bois, à Ayrton et son Papa et au tout dernier (Peut être Alejandro ?) à qui on a pas décroché un mot parce qu’on était trop fatigués