Avant le voyage
Tout commence en janvier, quand nous trouvons sur Easyjet des vols pour Aqaba, en Jordanie, à 99 € aller-retour. Avant de réserver, on vérifie sur Internet que le pays est safe et en bon terme avec ses voisins, qui n’ont pas franchement bonne réputation : Irak, Syrie, Arabie Saoudite… On a facilement pu rassurer nos proches car la Jordanie est un havre de paix et de stabilité au Moyen-Orient. Plus tard, des Jordaniens nous diront : “no money, no petrol, no problem”, la paix dans cette région du monde est un luxe.
Nous avions beaucoup entendu parler de Couchsurfing, une appli qui met en relation des voyageurs et des locaux qui peuvent les héberger. Nous voulions en faire l’expérience depuis longtemps et le prix des logements près de Petra nous a convaincus de créer un compte. J’ai tchaté avec une dizaine de Jordaniens, tous très gentils, mais leur manière de vivre au jour le jour ne facilitait pas l’organisation du voyage. Nous avons finalement décidé de passer une nuit chez Wahid et une chez Mohammed. L’un est passionné de plongée, l’autre de boisson…
Notre Road Trip
Jour 1 : Geneve – Aqaba – Wadi Rum
Nous décollons au-dessus des sommets enneigés des Alpes et arrivons 4 heures plus tard à Aqaba, une petite ville sur les bords de la Mer Rouge, à quelques km de la frontière avec Israël. Pour être autonome, et parce que nous avions peu de temps sur place, nous avons loué une voiture pour la semaine. Nous récupérons rapidement notre petite citadine et filons vers le désert du Wadi Rum : une heure de route en ligne droite au milieu des immenses étendues de sable et de roches rouges.
En arrivant à Aqaba, qui a un statut économique particulier, nous n’avons pas payé le visa qui coûte 50 € sur le reste du territoire.
Au village du Wadi Rum, nous sommes accueillis par Ali. J’avais trouvé son numéro sur un forum et je l’avais contacté sur WhatsApp quelques jours avant pour organiser notre découverte du désert. Nous avons opté pour une journée en 4×4 avec un bédouin qui nous guiderait vers les meilleurs spots et une nuit… À la belle étoile. Pendant qu’Ali installe un confortable bivouac sous une grotte, nous dégustons un repas traditionnel cuit sous terre accompagné de riz, houmous et baklava.
Au milieu des dunes, canyons et plaines, nous buvons le thé avec chaque bédouin que nous croisons. Ils nous racontent leur vie dans le désert entre traditions, coutumes, tourisme et tournages de films hollywoodiens.
Jour 2 : Petra
Nous reprenons la route le soir même en direction de Petra à la rencontre de Mohammed, notre premier couchsurfer. Ce dernier va finalement céder au charme d’une jeune Tchèque mais nous laisse entre de bonnes-mains avec Bilal, le gérant du Petra Mars Camp, qui nous offre une chambre et une soirée mémorable à refaire le monde.
Après une courte nuit, nous commençons la découverte de la cité de Pétra par le Siq, un imposant canyon qui nous conduit au Trésor, le monument le plus connu de Jordanie. Nous n’avions aucune idée du décor qui nous attendait en continuant la visite. Nous découvrons une cité entière taillée dans la roche au milieu d’un impressionnant paysage de falaise et de canyons. Dès les premiers pas, nous sommes impressionnés par la beauté et l’incroyable conservation de ces monuments construits 5 siècles avant JC. Entre les tombeaux, les thermes, l’amphithéâtre, nous explorons les constructions et essayons d’imaginer la vie d’un peuple disparu. Pétra n’est pas de tout repos, nous montons, descendons, marchons à un rythme effréné sous un soleil de plomb… Chaque vallée nous offre un paysage différent et nous en prenons plein les yeux.
Nous finissons la journée avec des locaux qui vivent dans des grottes aménagées dans la vallée, ils nous racontent leur mode de vie au cœur d’une cité antique devenue un site touristique. Perchés en haut de leur falaise, ils ne savent pas écrire, mais parlent plusieurs langues, parcourent des dizaines de km par jour à pied ou sur le dos de leur âne Shakespeare et quant aux femmes, qu’on ne croise pas beaucoup en Jordanie, “no girl, no drama”…
Nous quittons l’atmosphère magique de Petra après 28 km de marche et rejoignons notre second Couchsurfeur Wahib.
Jour 3 : Pétra – WadiMujib – Ma’in
Nous continuons notre road trip en Jordanie direction de la mer morte. Nous traversons des déserts, des vallées vertes, des montagnes, nous nous arrêtons là où aucun touriste ne va. Les Jordaniens sont curieux et nous accueillent chaleureusement partout où nous sommes : la police nous offre eau, cigarettes et nous propose de déjeuner au poste, le boulanger nous montre ses fourneaux traditionnels, des jeunes nous invitent à leur barbecue… Tous sont soucieux de l’image de leur pays et s’assurent que notre voyage se passe bien.
Nous longeons la mer morte jusqu’au WadiMujib, un spot de canyoning réputé… Et fermé en mars. Nos plans tombent à l’eau, mais nous continuons de profiter du paysage de la mer morte au DeadSea Panorama, qui offre une vue imprenable jusqu’aux lumières de Jérusalem et des territoires occupés de Palestine.
Au bord de la route nous tombons, par hasard, sur les sources d’eau chaude de Ma’in et trouvons un hôtel à quelques kilomètres de la mer morte ou deux piscines sont alimentées par les sources.
Jour 4 : Mer Morte
La baignade dans la mer morte était une étape indispensable du voyage. Nous nous éloignons des resorts jusqu’à une plage de sel où des locaux se baignaient. Nous nous jetons à l’eau dans ce décor lunaire, au point le plus bas sur terre à 429 mètres sous le niveau de la mer.A cause du taux de sel, aucun poisson ou organisme ne peut survivre dans la mer morte, et on comprend vite pourquoi. Même si la flottaison et la sensation d’apesanteur sont amusantes, la baignade devient rapidement désagréable pour la peau. Douche d’eau douce obligatoire !
Nous continuons d’explorer les environs et trouvons, à quelques kilomètres de la mer morte, une véritable oasis avec un court d’eau au milieu d’un canyon désertique. Nous avons enfin notre mini canyoning, le Wadi Himrach.
Nous rentrons à Aqaba en longeant la mer morte et la frontière avec Israël, qu’on préfère appeler Palestine dans la région.
Jour 5 – 6 – 7 :Aqaba
Nous rendons notre voiture à Aqaba pour profiter de quelques jours de détente sur les plages de la Mer Rouge. Nous arrivons en plein milieu d’une tempête, la mer est déchaînée et les plages sont fermées donc nous visitons la ville, le souk, la mosquée et comme tout au long de la semaine, les Jordaniens viennent à notre rencontre et nous passons l’après-midi à jouer aux dominos et à fumer la chicha.
En fin de journée, le soleil est de retour et Hussein, un moniteur de plongée que j’avais contacté sur WhatsApp, m’envoie un message pour me dire que si nous voulons plonger, c’est maintenant ou jamais. Équipés et briefés en quelques minutes, on se jette à l’eau à la découverte des fonds marins et de l’épave du CedarPride à 20 mètres de profondeur. Au milieu des formations de corail multicolores, nous rencontrons murènes, poissons-clown et autres créatures merveilleuses.
Nous passons nos derniers moments à Aqaba avec Hussein, notre moniteur de plongée et Ali, le gérant du Bédouin Garden Village à raconter des anecdotes, partager nos visions du monde et de la société, comparer nos modes de vie…
Nous quittons Aqaba et la Jordanie avec un pincement au cœur et le regret de devoir déjà partir. Nous avons eu un véritable coup de cœur pour ce pays, nous avons été éblouis par l’immensité et la diversité des paysages, mais c’est surtout la gentillesse des Jordaniens qui nous a beaucoup touchés. Nous rentrons riches de cette expérience et prêts pour une nouvelle aventure : le (premier) confinement.
Coin pratique : budget et astuces
Pour les repas, de nombreux Jordaniens nous ont invités à manger avec eux, sinon on faisait des petites courses en épicerie et boulangerie. Pour l’hébergement, nous avons dormi une nuit dans un hôtel en piteux état, mais très économique et 2 nuits gratuites chez des couchsurfers. Pour les activités, nous avons demandé des contacts sur place, comparé et négocié les prix.
Bon à savoir
L'eau n'est pas potable en Jordanie
Pour boire l'eau de n'importe quelle source (robinet compris) n'importe où dans le monde, on utilise la gourde filtrante OKO.
Code OKOUMSF